Une leçon d’enseignement

Une leçon d’enseignement

Un vieil homme avait pris l’habitude de  lire son journal sur un banc du parc qui était à proximité de chez lui.

Un jour, un jeune homme l’aborde et lui demande :

  • Bonjour, vous souvenez-vous de moi ?

Le vieil homme baisse son journal et observe le jeune homme par dessus ses lunettes puis lui répond :

  • Je suis désolé mais je ne retrouve pas… Ma mémoire devient quelque peu défaillante.
  • Aristide Cajous, j’ai été un de vos élèves de 3eA, il y a quinze ans.

Et l’enseignant :

  • Oui ! Maintenant que tu me le rappelles, je me souviens. Alors que fais-tu aujourd’hui, que fais-tu dans la vie ?

Le jeune homme avec un grand sourire répond :

  • Eh bien, je suis devenu professeur.
  • Ah, bon, comme moi ? dit le vieil homme
  • Eh bien oui. En fait, vous êtes la source de mon inspiration, je voulais être comme vous.

Le vieil homme, pliant son journal et faisant signe au jeune homme de s’asseoir à ses côtés :

  • Alors là, tu aiguises ma curiosité. Racontes moi ce qui chez moi a pu t’inspirer cette vocation. Et à quel moment as-tu décidé à devenir professeur.

Le jeune homme s’assied et lui raconte l’histoire suivante :

  • Un jour, un de mes camarades de classe est arrivé avec une belle montre neuve, et je ne sais pas pourquoi mais j’ai décidé que je la voulais et je l’ai volée, alors qu’il l’avait laissée sur sa table de travail pendant la pause de récréation.

Après la récréation, lorsqu’il a remarqué la disparition de sa montre, il a crié au vol et s’est plaint auprès de vous du délit.

Vous êtes revenu en classe et vous nous avez dit :

  • La montre de cet élève a disparue pendant le temps de cette dernière récréation. Que celui, ou celle, qui l’a empruntée veuille la rendre.

Je ne l’ai pas rendue parce que je ne voulais pas le faire mais surtout parce que je ne pouvais pas le faire devant tout le monde et risquer d’être le paria de classe voire de l’école.

Alors vous avez fermé la porte et nous avez dis à tous de nous lever et que vous alliez un par un fouiller nos poches jusqu’à ce que la montre soit trouvée. Mais, vous avez insisté pour que tout le monde garde les yeux fermés, que vous ne chercheriez cette montre que si nous avions tous les yeux fermés. Vous aviez une telle autorité naturelle que nous l’avons fait, et vous êtes allé de poche en poche, et quand vous avez fouillé ma poche, vous avez trouvé la montre et l’avez prise. Cependant vous avez continué à fouiller les poches de tout le monde, et quand vous avez eu fini vous avez dit : – « Ouvrez les yeux. Nous avons la montre. ».

Vous avez repris votre cours comme si rien ne s’était passé. Vous ne m’avez rien dit et vous n’avez plus jamais mentionné l’épisode. Et surtout vous n’avez jamais dit non plus qui avait volé la montre.
Ce jour-là, vous avez sauvé ma dignité pour toujours. Ce fut le jour le plus honteux de ma vie.
Mais c’est aussi le jour où, outre ma dignité sauvée de ne pas devenir un voleur, une mauvaise personne, j’ai reçu la plus grande et la plus belle leçon de ma vie. Vous ne m’avez jamais rien dit, et même si vous ne m’avez pas grondé ou attiré mon attention pour me donner une leçon de morale, j’ai reçu le message clairement.

Grâce à vous, j’ai compris ce qu’est un enseignant, ce qu’un vrai éducateur doit faire.
Vous souvenez-vous de cet épisode, professeur ?

Le vieux professeur, les yeux dans le vague répond :

  • « Je me souviens effectivement de la situation, de la montre disparue, que je cherchais chez tout le monde, mais je ne me souvenais pas l’avoir trouvée dans ta poche, tout simplement parce que…

               j’ai aussi fermé les yeux en cherchant. »

Ceci est l’essence même de l’enseignement : …

« Si pour corriger vous devez humilier ;

vous ne savez pas enseigner »