Dernier jour
La fatigue de la virée cycliste de la veille s’est invitée au réveil. Ce matin, dans chaque logis, Frédéric, Alexandre et Sandrine ont dû mener une opération de sauvetage matinal. Certains élèves, encore en négociation avec leur oreiller, ont prolongé leur nuit en position verticale, les yeux mi-clos, en attendant que leurs camarades émergent à leur tour. Une ambiance de fin de séjour flottait dans l’air, douce et un peu floue.

Rien ne vaut mieux qu’un bon petit déjeuner pour remettre les pendules internes à l’heure. Tartines, jus, céréales : le carburant nécessaire pour affronter cette dernière journée avec dignité.



Puis vient le ballet des valises. Chacun retourne dans sa chambre pour faire ses bagages, défaire son lit, ranger ses affaires avec une efficacité toute relative, oscillant entre nostalgie et empressement. Les valises descendent dans le salon, s’alignent comme des soldats en attente d’embarquement. Dernier pique-nique récupéré, dernier regard sur les lieux.




Dernières photos de l’hôtel Villa Bettina et à 11h12, nous embarquons dans le bus Ligne 6, direction La Baule Escoublac, pour rejoindre la gare. Le trajet est calme, presque contemplatif. Les valises sont déposées sous la garde vigilante de Frédéric et Alexandre, tandis que Sandrine, Guillaume, Sonia et Raphaël nous escortent en ville pour une ultime virée shopping. Les emplettes sont légères, les sourires sincères, les souvenirs déjà en train de se cristalliser.




Les valises sont déposées sous la garde vigilante de Frédéric et Alexandre, tandis que Sandrine, Guillaume, Sonia et Raphaël nous escortent en ville pour une ultime virée shopping. Les emplettes sont légères, les sourires sincères, les souvenirs déjà en train de se cristalliser.

À 13h00, retour à la gare. Le temps de savourer notre pique-nique, assis sur les quais, bercés par les notes d’un piano joué par des passants inspirés. Une parenthèse musicale inattendue, presque cinématographique.



Le TGV est annoncé avec 15 minutes de retard. Rien de dramatique, juste assez pour ajouter une touche de suspense à notre départ. Sur le quai, nous nous rassemblons, Sandrine nous guide vers la voiture attribuée, pendant que Raphaël, Alexandre, Frédéric et Guillaume s’occupent de charger les valises dans les casiers avec la précision d’un équipage de bord.
Le train s’ébranle, et avec lui, les derniers instants du séjour. À bord, les jeux s’organisent : UNO, échecs, sept familles… Les cartes s’échangent, les pions s’affrontent, les rires fusent. Le wagon devient salon, terrain de jeu, cocon de transition entre le sable et le retour.












Nous nous sommes réunis une dernière fois, comme pour refermer le livre de cette semaine. Chacun notre tour, nous avons pris la parole. Ce que nous avons aimé, ce que nous avons moins aimé, et enfin, exercice de synthèse redoutable, un seul mot pour définir cette aventure. Un mot, comme une empreinte, un écho personnel dans le grand tumulte collectif.






Les enseignants, dans un bel esprit d’équité, se sont prêtés au même jeu. Frédéric, fidèle à son sens du timing dramatique, a choisi de passer en dernier. Et c’est là qu’il a souligné un fait d’une rare portée : pas un seul élève, pas une seule voix, ne s’est élevée pour regretter l’absence du téléphone. Pas une plainte, pas un soupir numérique. Comme quoi, il est possible de vivre une semaine entière sans cet instrument devenu prothèse moderne. Une semaine pleine, entière, vivante. Une semaine de regards échangés, de rires partagés, de silences habités.



Le voyage s’achève par l’arrivée à Villiers-Neauphle-Pontchartrain, avec une demi-heure de retard sur le timing initial. Mais qu’importe. Ce léger décalage n’a fait qu’amplifier l’intensité des retrouvailles. Les parents, postés comme des guetteurs au bord du quai, retrouvent leurs enfants avec des sourires larges comme des valises pleines de souvenirs. Les embrassades sont longues, les regards brillants, les récits déjà prêts à jaillir.
Et dans ce dernier instant, suspendu entre le passé tout juste vécu et le quotidien qui reprend ses droits, on comprend que quelque chose s’est joué. Quelque chose de précieux. Une parenthèse. Un souffle. Une semaine hors du temps.